Retour sur notre webinaire du 10 septembre 2025 sur l’état des soins pédiatriques liés au VIH en Afrique francophone

Le Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME) est une Organisation de la Société Civile basée à Ouagadougou, Burkina Faso, qui s’est donné pour mission d’influencer les politiques publiques pour un accès équitable des populations aux soins de santé de qualité à travers la veille sur les dysfonctionnements dans l’offre de soins et le plaidoyer auprès des détenteurs d’enjeux et de décision.  Le RAME héberge le Hub d’apprentissage Régional Communauté, Droits et Genre (CRG) du Fonds mondial pour l’Afrique francophone (HRF). L’Objectif du hub est de faciliter l’accès en temps voulu à l’information, l’apprentissage par les pairs et l’échange entre les communautés et la société civile afin de renforcer le leadership et l’engagement des communautés les plus touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme dans les processus du Fonds mondial et les processus nationaux connexes, tout au long du cycle de financement. L’infection par le VIH chez les enfants est aujourd’hui de plus en plus rare dans de nombreux pays, grâce à l’augmentation du dépistage et du traitement des femmes enceintes vivant avec le VIH. Environ 1,8 million d’enfants de moins de 15 ans dans le monde vivent avec le VIH. On recense 180 000 nouvelles infections par an chez les enfants de moins de 15 ans. La grande majorité de ces enfants et adolescents vivent en Afrique subsaharienne. La première cause de ces infections est la transmission mère-enfant, qui peut se produire pendant la grossesse (principalement au cours du dernier trimestre), l’accouchement ou l’allaitement. La réduction de la transmission mère-enfant grâce à un traitement antirétroviral (ARV) diminue considérablement le risque de transmission à l’enfant. On estime que 85 % des femmes enceintes séropositives dans le monde ont accès à la PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant du VIH), mais ce chiffre tombe à moins de 60 % en Afrique occidentale et centrale. Il a été démontré qu’il n’y a pas de transmission aux enfants lorsque les mères sous traitement ARV ont une charge virale indétectable. De même, lorsque la charge virale est indétectable, les femmes peuvent accoucher normalement par voie vaginale, la césarienne n’étant indiquée qu’en cas de charge virale non contrôlée ou pour des raisons obstétricales. Les dernières recommandations de l’OMS encouragent l’allaitement maternel exclusif si les mères suivent un traitement antirétroviral, éventuellement complété par une prophylaxie du bébé lui-même tant qu’il est exposé1. La moitié des infections diagnostiquées aujourd’hui chez les nourrissons concernent des enfants qui ont contracté le VIH pendant la grossesse, et l’autre moitié pendant l’allaitement ; dans la grande majorité des cas, leurs mères ne suivaient pas de traitement ARV, soit parce que leur statut n’était pas connu, soit parce qu’elles ont contracté le VIH pendant la grossesse ou l’allaitement alors qu’elles étaient séronégatives au début du suivi prénatal, soit parce que le traitement ARV n’était pas prescrit ou n’était pas disponible, soit parce que la mère avait arrêté ou ne suivait pas son traitement. Compte tenu de ces faits, le HRF a organisé ce webinaire qui a réuni le Fonds mondial, les organisations de la société civile (OSC), les communautés et d’autres partenaires afin de discuter de l’état des soins pédiatriques liés au VIH en Afrique francophone, des défis rencontrés et des recommandations visant à améliorer les soins pédiatriques liés au VIH dans la région. Les intervenants à ce webinaire venaient du Fonds mondial et de la société civile. Il s’agissait notamment de : Elles ont partagé les données récentes disponibles sur le VIH pédiatrique qui mettent en évidence des lacunes persistantes dans la riposte aux enfants vivant avec le VIH. Elles ont également donné les facteurs sous-jacents à l’origine de ces disparités et les interventions ciblées à privilégier pour renforcer et rationaliser la réponse au VIH pédiatrique, compte tenu des contraintes actuelles en matière de ressources. https://www.who.int/news-room/questions-and-answers/item/hiv-aids-infant-feeding-and-nutrition La modération a été assurée par Ida Savadogo, Coordonnatrice du HRF et Israël Gaoussou, Secrétaire Permanent du Réseau Africain des Personnes vivant avec le VIH/SIDA (RAP+AO). Le webinaire a été ouvert par Ida Savadogo, qui a souhaité la bienvenue aux participants et a situé le contexte de la rencontre. Pour elle, malgré les progrès accomplis dans la lutte contre le VIH, les enfants restent les grands oubliés de la réponse, particulièrement en Afrique francophone. C’est pour lever ces goulots d’étranglement et mobiliser les énergies dans la prise en charge des enfants vivants avec le VIH que ce webinaire a été organisé. A l’issue du mot de bienvenue, Mme Savadogo, également modératrice de cette rencontre, a passé la parole à Georgina Caswell, Conseillère Technique, Soutien aux investissements régionaux du CRG, au Fonds mondial qui a commencé par souligner une réalité troublante : en Afrique de l’Ouest et du Centre, de nombreux bébés continuent de contracter le VIH parce que trop peu de femmes sont testées ou traitées pendant leur grossesse. Elle a insisté sur le fait que les enfants reçoivent beaucoup moins de médicaments que les adultes, et que beaucoup ne sont même pas diagnostiqués. «LES ENFANTS NE PEUVENT PAS PARLER POUR EUX-MÊMES DANS CE GENRE D’ESPACE », a-t-elle rappelé, soulignant l’importance de leur donner une voix à travers les actions collectives. Elle a affirmé avec force qu’ « aucun groupe affecté par le VIH ne doit être laissé de côté », appelant à une mobilisation inclusive. Pour contextualiser son propos, Georgina a présenté l’Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants d’ici 2030. 2Cette coalition rassemble des gouvernements, des agences des Nations Unies et des organisations de la société civile. Elle a cité l’engagement de pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la RDC et le Nigeria, qui travaillent à renforcer le dépistage, les traitements, la prévention chez l’enfant, à lutter contre la stigmatisation et à intégrer des outils numériques dans leurs stratégies.https://www.childrenandaids.org/fr/documents/lalliance-mondiale-pour-mettre-fin-au-sida-chez-les-enfants Elle a mis en lumière le rôle central des organisations communautaires, véritables piliers de la lutte contre le VIH pédiatrique. Ces structures orientent les enfants vers les soins, assurent leur maintien sous traitement, réduisent la stigmatisation et offrent un soutien global, tout en défendant leurs droits. Enfin, Georgina a invité

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Nouveau Guide communautaire sur les mesures d’adaptation du cycle de subvention 7 (GC7) du Fonds mondial

Face aux révisions budgétaires et aux ajustements programmatiques en cours dans le cadre du cycle de subvention 7, la société civile et les communautés doivent être pleinement informées et outillées pour garantir une participation significative aux processus de redéfinition des priorités et de révision des subventions.‎‎C’est dans cette optique que ce guide communautaire pratique et accessible a été élaboré.‎‎Téléchargez le guide complet ici : ‎

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Situation de la lutte contre le Paludisme en Afrique : un tableau pas reluisant à l’aube de 2030

Le paludisme demeure un problème de santé publique majeur, en particulier en Afrique. Selon le rapport mondial sur le paludisme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en 2024, environ 263 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2023, entraînant 597 000 décès. L’Afrique représente 94 % de ces cas et 95 % des décès liés au paludisme. Un peu plus de la moitié de ces décès sont survenus dans quatre pays de l’Afrique : Nigeria (30,9 %), République démocratique du Congo (11,3 %), Niger (5,9 %) et République-Unie de Tanzanie (4,3 %).[1]  Dans le même rapport, l’OMS souligne que la région ouest africaine en majorité francophone, représente 48 % des cas de paludisme et 52 % des décès dus au paludisme dans le monde, alors qu’elle ne représente que 10 % de la population mondiale exposée au risque de paludisme.  Dans un rapport publié par ALMA (African Leaders Malaria Alliance) sur l’incidence du Paludisme en Afrique en 2024, outre ses ravages sur la santé, le paludisme impose une lourde charge économique aux États membres. Dans les régions endémiques, la maladie amoindrit la croissance annuelle du PIB jusqu’à concurrence de 1,3 % et peut causer jusqu’à un demi-milliard de journées de travail perdues chaque année en Afrique. Les résultats d’une étude récente indiquent que l’élimination pourrait renflouer le PIB à hauteur de 127 milliards de dollars sur l’ensemble de l’Afrique à l’horizon 2030 (réf ALMA). À la croisée de la lutte contre ce fléau en Afrique, l’avancé reste au point mort dans la plupart des États membres de ALMA[2]. Les objectifs intermédiaires fixés pour 2025 échappent au continent et le rêve de l’élimination du paludisme à l’horizon 2030 semble de plus en plus précaire. Quelles solutions pour y parvenir? Pour y faire face, l’action multisectorielle est fondamentale, y compris sous la forme d’efforts concertés des secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de l’environnement, de l’administration locale et de l’infrastructure, pour opposer une riposte holistique au paludisme. Mais face à ce fléau, une évidence s’impose : les solutions techniques ne suffisent pas si elles ne sont pas portées et relayées par les communautés elles-mêmes. Dans ce contexte, l’engagement communautaire de plus en plus reconnu comme un levier essentiel pour la prévention et l’amélioration de la prise en charge s’offre comme une alternative crédible pour mettre fin au paludisme. Qu’est-ce que l’engagement communautaire dans la lutte contre le paludisme ? L’OMS définit l’engagement communautaire comme « un processus qui permet aux populations de participer activement et véritablement à la définition des questions qui les concernent, à la prise de décisions sur les facteurs qui affectent leur vie, à la formulation et à la mise en œuvre de politiques, à la planification, au développement,  à la fourniture de services et à l’action en faveur d’un changement actif ». L’engagement communautaire dans la lutte contre le Paludisme fait alors référence à l’implication active, structurée et significative des communautés les plus touchées par le paludisme dans la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des réponses à ces maladies. Cela implique non seulement leur participation, mais aussi le renforcement de leurs capacités et la reconnaissance de leur leadership dans les processus décisionnels liés à la lutte contre le Paludisme. Concrètement, cela signifie que les communautés doivent être écoutées, considérées comme des partenaires à part entière, et dotées des moyens nécessaires pour influencer les politiques, les financements et les interventions de santé. Leur expertise issue du vécu est essentielle pour garantir des réponses de santé efficaces, équitables et centrées sur les droits humains. L’Engagement Communautaire, n’est-il pas une alternative crédible au contexte africain ? Les communautés, en tant qu’acteurs de premier plan, jouent un rôle crucial dans la diffusion des informations de santé, l’encouragement des comportements préventifs et le soutien aux systèmes de santé. Leur engagement favorise ainsi une adoption accrue des mesures préventives et facilite la détection précoce des cas, ce qui améliore la prise en charge du paludisme.  L’Engagement Communautaire dans la lutte contre le Paludisme, constitue ainsi un levier de plus en plus reconnu comme indispensable pour évaluer et lever les obstacles liés aux droits humains et au genre qui entravent l’accès aux services de lutte contre cette maladie.  Des initiatives comme l’outil « Malaria Matchbox » et d’autres outils d’évaluation de l’équité aident les pays à identifier les populations, les groupes ou les personnes les plus touchés par le paludisme. Quelles illustrations donnent l’espoir quant à la place de l’Engagement Communautaire dans la lutte contre le paludisme ? L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a certifié le Cap Vert comme un pays exempt de paludisme, ce qui constitue une grande conquête dans le domaine de la santé mondiale. Avec cette annonce, le Cap Vert rejoint les 43 pays et le territoire déjà certifiés par l’OMS. Le Cap Vert est le troisième pays obtenant cette certification dans la Région africaine de l’OMS après Maurice et l’Algérie, certifiés respectivement en 1973 et 2019. Dans son rapport de certification de l’élimination du paludisme au Cap Vert, l’OMS a cité trois facteurs clés de cette réussite dont le 3ème pilier est l’Engagement Communautaire. Ainsi, les 3 facteurs clés cités dans le rapport se présentent comme suit : –  La collaboration entre le Ministère de la santé et différents services gouvernementaux œuvrant dans les domaines de l’environnement, l’agriculture, les transports, le tourisme, etc., a joué un rôle central dans le succès du Cap Vert ; – La commission interministérielle de lutte anti vectorielle, présidée par le Premier Ministre, a joué un rôle clé dans l’élimination du paludisme ; – Le travail de collaboration avec les organisations communautaires et les ONG, ainsi que la mobilisation de ces dernières, a démontré l’importance d’une approche globale de la santé publique dans l’élimination du paludisme au Cap Vert. Dans sa déclaration, Docteur Matshidiso Moeti, en ce temps, Directrice Régionale de l’OMS pour l’Afrique, elle a clairement ressorti l’Engagement communautaire comme un facteur clé à considérer comme suit : « La réussite du Cap-Vert est un rayon d’espoir pour la région africaine et au-delà. Elle démontre

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‎Données, Impact, Résilience : Le Triple Défi du Suivi et de l’Évaluation dans la Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme.

‎Face à l’urgence sanitaire mondiale que représentent le sida, la tuberculose et le paludisme, les subventions internationales, comme celles du Fonds mondial, jouent un rôle clé. Mais leur efficacité dépend d’un pilier souvent sous-estimé : le renforcement des systèmes de suivi et d’évaluation (S&E).

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Suivi communautaire renforcé : le Burundi valide sa stratégie nationale CLM !

Au Burundi, garantir un accès équitable aux soins de santé passe par une implication accrue des communautés dans le suivi des services de santé. C’est dans cette optique que s’est tenue, les 5 et 6 février 2025, une réunion de validation de la stratégie nationale, du guide et du plan opérationnel du Community-Led Monitoring (CLM).

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APPEL A PROPOSITIONS : Fonds d’urgence pour la lutte contre le VIH

Cher partenaire, Nous espérons que vous allez bien. En réponse, Aidsfonds a lancé un Fonds d’urgence pour la réponse au VIH afin de fournir un financement flexible, rapide et à court terme pour garantir que les personnes vivant avec le VIH ou vulnérables au VIH puissent continuer à accéder à des services de prévention et de traitement vitaux . Au cours des dernières semaines, l’ ordre d’arrêt des travaux émis par l’administration américaine a eu un impact dévastateur sur la réponse mondiale au VIH. Malgré une dérogation, la dernière enquête communautaire d’Aidsfonds et de GNP+ montre que ces mesures continuent de perturber les services essentiels pour les particuliers et les professionnels de santé. À quoi sert le Fonds d’urgence ? Le fonds est conçu pour combler les lacunes critiques dans la prestation de services , en soutenant les solutions menées par la communauté pour maintenir l’accès à :– Traitement antirétroviral (TAR) et soutien à l’observance– Tests de dépistage du VIH , tests de charge virale et tests de numération des cellules CD4– Services de prévention du VIH , y compris la PrEP, la réduction des risques et le traitement par agonistes opioïdes– Coûts directs du personnel indispensables à ces services Des subventions sont disponibles jusqu’à 15 000 € pour des activités qui seront mises en œuvre immédiatement et doivent être achevées avant le 24 avril 2025 . Comment postuler ? Les candidatures doivent être soumises en ligne via le portail de subventions Aidsfonds — les candidatures par courrier électronique ne seront pas acceptées . Le portail ouvre aux candidatures le 12 février 2025 . Les candidatures seront examinées au fur et à mesure, et les décisions seront prises dans un délai de 3 jours ouvrables . Les fonds approuvés seront transférés dans les 7 jours . Pour plus de détails, veuillez consulter l’ appel à propositions et le formulaire de candidature type ci-joints. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à contacter emergencyfund@aidsfonds.nl .

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Optimisation de la lutte contre le VIH et la tuberculose avec des outils numériques au service de la communauté : cap sur l’excellence à Bamako !

Du 27 au 31 janvier 2024, ARCAD Santé PLUS a organisé à Bamako une session de formation dédiée aux acteurs clés de la lutte contre le VIH et la tuberculose dans les districts d’intervention. Cette initiative visait à renforcer les compétences des formateurs sur l’utilisation optimale du module Tracker PC Communautaire, un outil innovant pour le suivi et l’analyse des données dans le cadre des programmes de santé communautaire.   ‎De façon spécifique, cette formation a permis de familiariser les participants aux fonctionnalités du Tracker PC, en mettant l’accent sur la maîtrise des interfaces de saisie et d’analyse des données, le suivi individuel des PC (Prestataires Communautaires), l’harmonisation des pratiques afin de garantir une utilisation cohérente et efficace de l’outil par tous les partenaires impliqués dans la réponse au VIH et à la tuberculose.   ‎‎Cet outil numérique est un pilier essentiel pour optimiser la gestion des données sanitaires, permettant un suivi en temps réel des indicateurs épidémiologiques et opérationnels. Son appropriation par les formateurs et les acteurs de terrain favorisera une meilleure coordination des actions, une détection rapide des besoins et une prise de décision éclairée pour atteindre les cibles sanitaires nationales.   ‎‎À l’issue des cinq jours de travaux, les compétences acquises permettront d’améliorer la qualité des données, la traçabilité des interventions et le suivi personnalisé des patients, contribuant ainsi à l’atteinte des objectifs de l’OMS en matière de santé publique.   ‎

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